Lâchez la grappe à Zuckerberg!!!

Lâchez la grappe à Zuckerberg!!!



14.12 2012 tuerie de Sandy Hook : 28 morts dont 20 très jeunes enfants : je ne me rappelle pas qu'on ait réservé le sort que connait Mark Zuckerberg au CEO du fabricant des armes utilisées ce jour là. Je déteste définitivement qu'on tire sur les gens, fusse en commission sénatoriale. Quant à ce qu’il est convenu d’appeler le "Zuckerberg bashing", il m’écoeure prodondément. Tout simplement.
 
 
Trop de Zuckerbeurk tue le Zuckerbeurk...

Tout a été dit sur Facebook et sur l’un de ses fondateurs Mark Zuckerberg. Dans le flot d’insultes, de suspicions, de mises en cause, qu’il soit permis ici d’avoir un son de cloche différent et de… défendre ! Ça doit décidément  être une déformation professionnelle, mais je crois que le lynchage médiatique d’un individu, fut-il coupable de quelque chose – mais est-ce bien le cas de Mark Zuckerberg ?! – et la destruction désirée de ce qu’il représente, provoque chez moi une réaction épidermique : cette envie incontrôlable de me fendre d’une plaidoirie après avoir lu tant de réquisitoires.
 


Le privacy paradox jusqu'à la lie

Facebook c’est donc des centaines de millions d’utilisateurs de toutes sortes à travers le monde : des particuliers bien sûr, des professionnels évidemment, et puis combien d’organisations officielles aussi ? Tous en retirent une utilité variable, qu’il s’agisse de poster les progrès du petit dernier en ski ou de tenter de mobiliser une communauté contre des tueries dans des pays en guerre. On baigne ainsi dans une piscine sans fond de données, personnelles ou non, mais aussi un maelstrom de privacy paradox dans lequel on exige souvent dans le même temps d’être vu, de permettre aux gens qu’on connaît à peine de savoir ce que l’on fait, minute par minute, voir en direct, mais aussi de protéger ses données personnelles… Ah ?
 
Le privacy paradox, c'est comme si vous preniez l’avion pour faire un Marseille/Paris en exigeant de passer par l’autoroute ou de sauter en parachute mais du haut de la chaise seulement. Mais sacré bon sang, il n’y a pas de piège ! Personne n’est pris en traître quand il utilise Facebook, pas plus que Google ou d’autres d’ailleurs : le pillage de vos données est officiel ! Au lieu de ramener leur fraise et de jouer les vierges effarouchées, que tous les thuriféraires de la vie privée aillent donc lire les conditions générales de ces géants entre deux conneries postées sur Facebook!
 
Et quand bien même ils ne sauraient pas lire, peut on sérieusement pleurer sur le sort de ses données à l’heure de l’ultra-communication ? Peut-on sérieusement prétendre ne pas savoir que Facebook fait de l’argent avec nos données ?!? Les choses vont sans doute évoluer, règlementation européenne oblige notamment.
 
Je vois d’ici les bâtisseurs du bûché de Mark Zuckerberg, allumettes à la main me jeter au visage du « Cambridge Analytica » comme s’ils m’aspergeait de bouse fraiche… Ma réponse sera vraiment simple : et alors ? Oui… et alors ? Revenons au début de ce pamphlet pro-Zuckerberg, pro-Facebook (et merde à ceux à qui ça déplaît!) : Facebook, c’est comme la Force : un côté obscur et un côté lumineux. Les règles sont connues, à charge pour vous d’utiliser cet « outil »  (le mot est lâché) comme vous l’entendez : pas du tout – tiens… en voilà une idée pour tous ceux qui s’excitent – prudemment, ou pourquoi pas, comme une diva du web souffrant d'un narcissisme exacerbé que l'usage des réseaux sociaux conduit à l'overdose du "moi". Bref c'est vous le chef! On oublie un peu de préciser que l’une des victimes principale de ce scandale, c’est quand même Facebook.
 


Cambridge Analytica , c’est l’A320 que le pilote dépressif écrase contre les Alpes avec des centaines de passagers à bord...

Cambridge Analytica , c’est l’A320 que le pilote dépressif écrase contre les Alpes avec des centaines de passagers à bord, c’est la voiture utilisée comme bélier pour défoncer une banque et piquer le coffre, c’est la batte de base-ball qu’on utilise pour frapper quelqu’un et non une balle : c’est pas fait du tout pour ça, mais on peut aussi faire ça avec et personne ne pourra jamais complétement éviter que ça arrive.
 
On est sans doute coupable de dérives commerciales chez Facebook, mais qu'on arrête avec les théories qui n'ont rien à envier à celles du Complot avec un grand "C" : Amtrong n'a pas marché sur la Lune mais sur une machine à laver dans sa buanderie, Elvis n'est pas mort mais vend des Hot Dog sur la 5ème avenue à New York, Zuckerberg mange des bébés le soir entre deux seaux de données perso...

Quand on entame un procès en sorcellerie sur la place publique, qu’on oublie pas que derrière une entreprise, il y a des salariés, des familles, des gens avec des peurs, des hontes, des responsabilités, des envies de calme et une capacité à subir la colère stupide de la foule généralement limitée. Les mots blessent, bien plus qu'on ne l'imagine.
 
Rien n’est plus con qu’une foule. Parfois aussi rien n’est plus beau (ah…juillet 1998, les Champs Elysées…). Voyez comme rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. « Pondération » les amis, méditez donc ce mot.
 
Qu’on oublie pas que Facebook c’est aussi une fabuleuse invention rapprochant les gens par delà les frontières, une machine à projets, un porte-voix souvent, pour tous ceux qui n’ont pas accès aux canaux de communication des happy few. Qu’on oublie pas le rêve du gosse dans sa chambre d’étudiant qu’on a trouvé fabuleux, avant de vouloir le bousiller parce que « décidemment, une telle réussite, ça devrait sans doute pas être permis ».  Qu’il est paradoxal de se dire que pour lyncher Zuckerberg, on utilise une ficelle équivalente à celle du pompage de données dans le domaine de la presse : le scandale. Vrai ou non, fondé ou pas, il est presque souhaitable qu’il ne soit pas si fondé que ça, car après avoir usé le sujet, on en créera un autre tout aussi vendeur pour gonfler le chiffre des ventes… 



Gratuit c'est dans vos prix?

L'économie de la DATA, c'est aussi et surtout pour beaucoup de services sur le web, la traduction d'un modèle économique pas assez connu du grand public : quand c'est gratuit, le produit c'est vous! Si les grands réseaux sociaux que vous aimez tant utiliser sont gratuits (mais si vous adorez ça... vous êtes venu ici par l'opération du Saint-Esprit ou via Facebook Twitter ou LinkedIn?...) c'est que la contrepartie c'est le pompage et l'exploitation de vos données. Quand Mark Zuckerberg évoque à demi-mot un Facebook payant, n'essaye-t-il pas d'ouvrir la voie à un modèle économique qui fera demain du web un produit payant? Et pourquoi pas un produit de luxe? J'aimerai voir la tête de tous ceux qui démontent Facebook si on leur annonçait demain que le service devient désormais payant... 

Sans doute les gens ont-ils trop bien assimilé que web et gratuité allaient souvent de paire, mais pas suffisamment que la gratuité réelle est impossible. Encore une fois, le produit, c'est vous. 

Mais le sacrifice est-il si grand? Toute la question peut donc être là et c'est sans doute une part de l'esprit de notre future réglementation : j'accepte d'être le produit pour bénéficier de services gratuits, mais alors, dites le moi et dites le moi de manière claire.

 

Ma chère foule...

En résumé ma chère foule, je m’adresse donc à toi en ma qualité, cette fois-ci, de composante hétérogène, pour te dire naïvement – car la foule se fout généralement des avis minoritaires – de lâcher un peu la grappe à Facebook et à son boss. Va donc faire des photos sur Instagram ma grande, ça te calmera tiens… Et à très vite sur Facebook !
 
Enfin une dernière chose : allez Mark, fais pas la gueule, t’es pas tout seul mon pote…